Sommaire et contenu de l'article :
ToggleCet article résume quelques leçon dramaturgiques apprises sur la chaine de Yves Lavandier (essayiste et cinéaste ayant écrit plusieurs livres sur la dramaturgie, le scénario et le storytelling) le clown et l’enfant :
Mais également des conférences disponibles sur Dailymotion :
… ou des leçons que j’ai apprises à la fac.
Sans plus tarder entrons dans le vif du sujet !
Introduction :
Tout comme Yves Lavandier, je pense que les scénaristes doivent apprendre les règles de la dramaturgie pour comprendre les différents outils qu’ils ont à leur disposition afin de véhiculer une puissante émotion.
Une fois que les « règles » sont comprises, ils peuvent à tout moment les briser en connaissance de cause. La technique ne bride pas la créativité, au contraire, elle permet de la façonner et de polir les diamants bruts de nos idées.
« Les raconteurs d’histoires ont, dans leurs boites à outils, plusieurs langages (plusieurs générateurs de sens) à leur disposition pour véhiculer du sens. Et par sens, je n’entends pas seulement des informations discursives, mais aussi de l’émotion » – Yves Lavandier
Les générateurs de sens sont :
– Le dialogue (le plus connu et le plus pauvre)
– Les gestes et le langage corporel (parfois plus parlant que les dialogues, un tic, une démarche…)
– Les actes (quelque chose que les personnages entreprennent)
– Et enfin : le langage des scènes (ou le langage de la structure) – c’est le langage le plus puissant et le plus invisible, le plus profond, le plus difficile à maitriser et à utiliser.
Je pourrais ajouter ici le langage formel de l’image cinématographique, la mise en image d’un propos en mettant en parallèle différents plans :
Mais je vais d’abord me concentrer sur la dramaturgie pure, le scénario.
Diderot disait déjà à l’époque :
« Il y a plus de pièces bien dialoguées que de pièces bien conduites, le génie qui dispose les incidents semble plus rare que celui qui trouve les vrais discours »
La structure selon Lavandier :
La structure et le récit reposent sur quatre éléments fondamentaux selon Lavandier :
– Un personnage qu’on présente dans sa routine de vie, avec ses défauts et ses qualités etc.
– un évènement perturbateur (ou incident déclencheur) qui vient bousculer la routine du protagoniste et le pousse …
– … à entreprendre une action difficile (pensez aux enjeux). S’il n’y a pas de challenge le spectateur s’ennuie, on perd en crédibilité, et on a plus de mal à faire passer un « message ».
– Puis à la fin, la conclusion et les leçons tirées ou non. A savoir que certaines histoires ne se terminent pas (même si le rideau est baissé) – à la suite du climax (le point culminant de l’histoire) on doit savoir si le personnage a réussi ou pas ce qu’il a entrepris
(Encore une fois selon Yves Lavandier, Lynch ne serait pas d’accord x) )
Actes logistiques et dramatiques :
Ces quatre éléments induisent logiquement trois parties :
– Avant l’action
– Pendant l’action et
– Après l’action
à c’est la structure en trois actes
Ici ce sont des « actes dramatiques » :
le théâtre classique européen proposait des pièces en cinq « actes logistiques » contenus dans 3 actes dramatiques.
La raison d’être de ces actes logistiques viennent des problèmes techniques (logistiques) de l’époque comme la durée de vie d’une bougie, le changement de décors etc.
Cette base-là vaut pour un discours de quelques lignes, une scène de 2 minutes, un court métrage, un épisode de série, un film ou une saison… (évidemment pour une saison de Friends plusieurs actions s’enchainent mais le fil rouge reste la romance entre Rachel et Ross)
Benoit Mandelbro, mathématicien Français, appelle le récit « la structure fractale » :
En 1974 il émet l’hypothèse que des formes a priori chaotiques ou désordonnées (comme les nuages ou la neige par exemple) pouvaient être réduites à une forme simple qui se reproduit à plusieurs échelles !
à dans le récit, c’est pareil.
Évidemment, le paradigme cité plus haut ne doit pas être (comme toute astuce) appliqué comme une formule intangible : on peut le tordre, le modifier et l’adapter à notre sauce.
On peut voir par exemple dans « 21 grammes » que les principaux éléments de l’incident déclencheur sont situés à 20 – 25 minutes du début du film, et les principaux éléments du climax sont situés à 5 minutes de la fin du film.
Les liens qui existent au cinéma :
Le climax est « chargé » des scènes qui le précèdent – il y a d’abord une PREPARATION – puis un PAIEMENT :
- N’oubliez pas l’identification aux personnages – plus on s’identifie, plus le lien émotionnel est puissant.
- Liens entre les spectateurs, cinéma et théâtre sont des expériences religieuses au sens étymologique du terme, « religiere » en latin qui veut dire relier, sentiment de communion avec tous ceux qui regardent « Si l’histoire est bien écrite, il n’y a plus d’hommes et de femmes, de musulmans et de catholiques, blancs et noirs, jeunes et vieux, il n’y a que des humains avec des besoins fondamentaux, tous les mêmes, qui vibrent aux mêmes choses»
- Le dernier lien est celui entre les différentes parties de l’œuvre.
Quelques astuces en plus :
- Vous devez préparer votre spectateur aux éléments qui sortiront plus tard pour éviter qu’ils apparaissent comme un Deus ex machina.
Un peu comme le fusil de Tchekhov, Un personnage sait lire sur les lèvres pour sortir le héros d’un problème, cette capacité doit être illustrée avant l’arrivée du problème dans une scène qui semble « anodine ».
Dans l’exemple que présente Lavandier, sa compétence à lire sur les lèvres est introduite comme cause de souffrance parce que les gens se moquent de lui. C’est une façon habile de faire passer une compétence importante de votre personnage sous un autre jour, ici, le regard des autres. - La Tragédie et la comédie sont basées toutes deux sur les échecs.
Mais qu’est-ce qui fait la différence entre un échec comique et l’autre sérieux ?
« Si durant un duel, l’épée du protagoniste se brise, c’est un drame. Si l’épée se plie, et reste pliée, nous sommes dans la comédie » – W.C Field
Les échecs sérieux nous disent que la vie est dure, mais qu’on doit essayer
Les échecs comiques ont une dimension philosophique, « tu es ridicule, accepte tes limitations » ou « laisse couler, tout ça est vain » - Un bon protagoniste se démène pour obtenir ce qu’il veut. Le public ne doit pas sentir qu’il s’en fiche ou que l’univers lui amène les choses sur un plateau d’argent. Même si quelqu’un peut avoir des buts plus ou moins immoraux, on a plus d’empathie pour quelqu’un qui se bat pour ce qu’il veut.
Un Obstacle externe doit être lié à une Origine Interne. Le pire des obstacles est celui qu’on s’inflige à soi-même sans le savoir.
Dans cette vidéo : le héros est victime de sa propre réputation, de lui-même
Exploiter les caractéristique de chaque personnage pour faire des scènes uniques :
- la façon dont elle a de rompre n’est pas commune.
Voilà, c’est tout pour cet article ! N’hésitez pas à le partager à ceux qui en aurait besoin ou à mettre un commentaire si vous avez une question. En attendant je vous souhaite une très bonne journée et à la prochaine pour plus de contenus 😊