Savoir créer un personnage féminin

femme soleil levant

Bon nombre d’œuvres cultes sont centrées sur un personnage masculin fort et, admettons le, les personnages féminins, dans les fictions sont sous-représentés et/ou pas du tout représentatifs. Au-delà de la dimension politique que l’on entend derrière le mot féminisme, un gros problème de représentation des femmes existe depuis que l’Art est Art.

Toute œuvre ne peut pas se revendiquer féministe, mais tout film devrait se revendiquer représentatif.

C’est pourquoi nous axerons notre article sur les tests ou critères, mis à notre disposition depuis ces dernières années, pour créer ou analyser des personnages féminins représentatifs.

Nous pouvons commencer par une petite référence à un article d’avril 1991, publié dans le New York Times par Katha Pollitt. Cet article nous présente ce que l’autrice appelle le principe de la Schtroumpfette (Smurfett principle en anglais). Celui-ci expose le fait que nombre de films ou séries télévisées présentent des hommes comme personnages principaux, accompagnés par une seule femme, représentée avec tous les stéréotypes qui l’accompagne. « Le message est clair, les garçons sont centraux, les filles sont à la périphérie » écrit l’autrice. L’exemple le plus probant étant, bien sûr, Les Schtroumpfs, avec comme seul personnage féminin récurrent La Schtroumpfette.

En 1985, dans sa bande dessinée Lesbiennes à suivre, la créatrice de BD Alison Bechdel crée le test de Bechdel. Ce test repose sur les trois critères suivants :
– Il doit y avoir au moins 2 personnages féminins nommés ;
– Ces 2 personnages doivent parler ensemble plus de 60 secondes ;
– Elles doivent parler de quelque chose qui est sans rapport avec un homme.
D’autres variantes à ce test ont été proposées par différents groupes d’écriture, le premier étant le test de Mako Mori. Seul personnage féminin présent dans le film Pacific Rim.
– L’œuvre doit avoir au moins un personnage féminin ;
– Ce personnage a son propre arc narratif ;
– Cet arc ne consiste pas à être le faire-valoir d’un personnage masculin.

Le dernier que je présenterai dans cet article, mon préféré, c’est celui de la lampe sexy.
Inventé par la scénariste de comics Kelly Sue DeConnick, il ne repose que sur un seul critère : si le personnage féminin peut être échangé avec une lampe et qu’il n’y a aucun changement dans l’intrigue, alors c’est qu’il n’est pas représentatif. Cependant, d’autres variantes peuvent être appliquées, la lampe en détresse, la lampe trophée ou encore la lampe fatale. Ces personnages féminins uniquement là pour soutenir le héros ou avoir un rôle de potiche (la lampe sexy) sont, vous l’aurez compris, à bannir. L’idée à retenir également serait d’éviter les romances artificielles et inutiles à l’intrigue.

Ces tests ont été créés à des fins d’analyse mais, selon moi, peuvent aussi être utilisés lors de phases créatives. Comme moi, inspirez-vous de ces différents tests pour en écrire un nouveau qui vous permettra de créer des personnages féminins haut en couleur, représentatifs et sans stéréotype. Petite astuce aussi, demandez-vous si genrer votre personnage est important. L’impact est-il le même si le personnage est masculin ou féminin ? Cette même question peut se poser pour sa couleur de peau ou son origine.

Des variantes de ces tests ont été créées comme le test DuVernay (pour la représentation des personnages de couleur) ainsi que le test Vito Russo (pour la représentation des personnages LGBTQI+), mais cela sera le sujet d’un autre article.

Pensez-y la prochaine fois que vous créerez un personnage, que vous regarderez un film, lirez un film ou découvrirez une bande dessinée.

Corentin Seillier

2 réflexions sur “Savoir créer un personnage féminin”

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