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ToggleDerrières ces mots barbares que sont Gamma et Gamut se cache des notions assez simples du cinéma. Si vous ne savez pas encore ce que c’est, vous trouverez les réponses à vos questions dans cet article. Ne vous inquiétez pas, ce n’est si compliqué que ça 🙂
Espace de couleur
Avant de parler des Gamma et des Gamut nous allons définir les espaces de couleur :
Un espace de couleur permet de référencer toutes les palettes de couleurs utilisées pour la captation et la diffusion. Lorsqu’on va filmer quelque chose, notre écran LCD peut nous indiquer un étalonnage des couleurs particulier qui changera si on le diffuse sur la télé du salon ou l’ordinateur du copain. Selon l’écran, les couleurs ne seront pas affichées de la même façon. Déjà parce que l’étalonnage même de l’écran peut différer mais l’espace de couleur dans lequel il travaille peut également être différent.
Mais du coup, qu’est-ce qu’un espace de couleur ?
Un peu d’histoire :
Lorsque dans les années 1900 le cinématographe apparait et que les évolutions en la matière continuent, les scientifiques tentent de « classifier » un peu toutes les couleurs que l’œil humain peut percevoir.
Ainsi, la commission internationale de l’éclairage arrive en 1931 avec deux versions des espaces de couleur que l’œil humain standard peut voir (son nom est le CIE 1931 XYZ)
MAIS, cet espace de couleur n’est pas parfait :
Dans certaines conditions particulières on pouvait se retrouver avec la même couleur même si on visait une ligne différente.
Alors, 45 ans plus tard, en 1976, des scientifiques proposent une nouvelle « cartographie » des couleurs.
Cet espace de couleur-là s’appelait : L’espace LAB – (ou CIE 1976)
Il est tridimensionnel et donc composé de 3 axes :
– L (pour la clarté, la luminance)
– A (Pour les couleurs du rouge jusqu’au Vert)
– B (pour les couleurs du bleu jusqu’au Jaune)
A partir de ces trois axes là on peut retrouver toutes les couleurs (sans en avoir deux identiques) et cet espace en question inclue également la luminosité !
MAIS, il est beaucoup trop gros ! Une fois qu’on a traité chacune des couleurs ainsi que leur niveau de luminosité les informations sont énormes. Donc ce n’est pas facile à coder et encore moins à se les représenter.
à Il est par conséquent un peu mis de côté.
AINSI, dans les années 90, HP et Microsoft veulent avoir un espace de couleur standardisé parce que vu le nombre d’écrans, de projecteurs et d’imprimantes qui utilisent des espaces différents c’est un peu le bazar dans le monde.
Une photo ou un film n’apparaitra pas de la même couleur selon les écrans et c’est un peu problématique. Lorsque j’ai du bleu en photo il faut qu’il reste bleu peu importe l’écran qui l’affiche, sinon c’est vite compliqué.
Donc en 1996, ils arrivent avec un espace colorimétrique qui permet de standardiser un minimum les écrans etc. pour éviter de trop gros écarts de couleur avec la majorité des appareils du monde :
– C’est l’espace standard RVB (GAMMUT sRVB) et la plupart des appareils peuvent représenter cet espace de couleur.
- Si on veut afficher une couleur précise qui se trouve dans cet espace, alors on pourra l’afficher correctement peu importe l’écran.
Cet espace est beaucoup plus réduit (c’est le triangle sur l’image) que celui de 1931 (CIE 1931 XYZ ) (reste de l’image) et est donc plus facile à coder et à représenter.
On a donc un espace de couleur peut-être un peu imprécis mais beaucoup plus simple à représenter.
Cependant, il ne faut pas oublier de paramétrer votre écran pour qu’il affiche bien les couleurs qui sont codées. Parce qu’on peut avoir une couleur rouge codée dans un espace sRVB mais un écran qui l’affiche rouge pâle parce qu’il est paramétré dans un autre espace de couleur.
On arrive aux besoins d’espaces de couleurs toujours plus performants :
Avoir une standardisation des espaces de couleur c’est cool mais pour certains professionnels ça ne suffit pas. Afin de faire des retouches colorimétriques très précises ou autres, sous la pression d’adobe en 98 on arrive avec un nouvel espace, le Adobe RVB.
Les années passent, et on crée un espace de couleur qu’on va pouvoir afficher sur toutes les télés (qu’elles soient plates, plasma ou cathodiques) et cette norme c’est le REC 709 (même chose que sRVB sauf pour les gammas, on y reviendra après)
Cet espace n’est pas si grand que ça parce que sinon toutes les télés ne pourraient pas l’afficher. Un espace de couleur trop volumineux serait certes plus précis, mais pas assez abordable.
De plus, si notre télé n’affiche pas toutes les couleurs, mais que l’espace est trop grand, en termes de transmission on va avoir beaucoup de poids pour rien.
Mieux vaut avoir un espace plus petit et facile à coder qu’un espace trop grand dont on ne se sert que d’une partie.
Le REC 709 devient donc un standard pour la SD et HD.
Cependant avec les années qui passent, nos écrans sont de plus en plus performants et même nos smartphones peuvent afficher des choses de ouf, donc le fait de garder un espace de couleur minimum pour conserver une simplicité de codage et de transmission n’a plus beaucoup de sens.
- Le fait d’avoir des espaces aussi grands vous permet, lors de la phase d’étalonnage, d’avoir une plus grande liberté d’action, de piocher et de récupérer de la couleur pour la retravailler et avoir une meilleure teinte (la plus « vraie » possible).
Différence entre gamut et Gamma :
On arrive dans le vif du sujet :
Selon les espaces de couleurs, la taille de leur Gamut et leur courbe Gamma diffèrent. Ces mots font mal à la tête quand on les entend pour la première fois, mais ils ne sont pas si compliqués à comprendre.
Le Gamma – concerne la lumière et le contraste (de 2,2 à 2,6) (prend en compte notre œil humain selon l’environnement lumineux de la pièce) Si la pièce est trop sombre, il faudra augmenter le gamma de la vidéo.
Le REC 709 possède un gamma de 2,2 qui prend en compte la réponse de notre œil dans une pièce ni trop sombre ni trop claire et convient dans de nombreux cas de visualisation.
Le DCI-P3 possède un Gamma de 2,4 parce qu’il prend en compte le fait qu’on regarde le plus souvent la télévision dans espace sombre donc le gamma préconisé est plus élevé.
Le Rec 2020 possède un gamma de 2,6 car au cinéma la salle est souvent plus sombre qu’à la maison.
Le Gammut – Concerne la couleur :
Si la taille du Gamut est plus grand alors le nombre de couleur pris en compte sera plus grand également. Par exemple le Rec 709 contient environ 2,5 millions de couleurs et le Rec 2020 en contient beaucoup plus. A savoir que les couleurs les moins saturées sont les plus communes, et que même s’il existe plusieurs espaces de couleur (plus ou moins grands), ils possèdent tout de même des couleurs communes. Si vous ne saturez pas ces couleurs (et qu’elles ne sortent pas de leurs espaces d’origine), leur aspect sera rigoureusement similaire.
ATTENTION : il faut toujours prendre des courbes Gamma qui sont compatibles avec vos gamut.
Par exemple si on utilise du S-Log (en Gamma) dans un espace de couleur REC 709 (Gamut) on risque d’avoir des problèmes à l’étalonnage car les deux ne sont pas compatibles.
Conclusion :
Pour conclure : Ces espaces de couleurs différents permettent d’avoir une homogénéité entre ce qu’on a tourné et ce qu’on va diffuser.
A savoir aussi que les capteurs possèdent des espaces de couleurs définies donc renseignez-vous pour savoir si votre capteur peut afficher les couleurs que vous enregistrez.
Dans tous les cas, vous devrez faire une conversion sur votre logiciel de montage entre l’espace de couleur que vous avez utilisé pour l’enregistrement et celui que vous utiliserez pour la diffusion.
Une valeur RVB n’aura vraiment de sens colorimétrique que dans un espace de couleur attribué.
Par exemple, une même valeur RVB (0, 255, 0) n’affichera pas le même vert selon si son espace couleur est le REC 709 ou l’espace LAB (sur l’image ci-dessous) on voit bien que la pointe haute du triangle ne donne pas sur le même vert)
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Bonjour,
Tout le début de l’article est super, très clair, mais par contre le dernier paragraphe gammut / gamma est bourré d’erreur !!!
Notamment le DCI-P3 n’est pas l’espace colorimétrique de la télé du salon!!!, mais celui de la salle de cinéma et c’est en gamma 2,6
Le rec709 gamma 2,4 concerne la TV HD / et gamma 2,2 internet
Et le REC 2020 concerne je crois le 4K.
C’est dommage, ça me fait douter de ce que j’ai lu en début, sur lequel je n’ai pas de connaissances propres!!! Merci de verifier, et de croiser les infos avant d’affirmer des contre verites.
Bonjour,
Ces articles sont faits à partir de mes cours d’écoles privées et de fac ainsi qu’avec des bouquins et des articles que j’ai lus au fur et à mesure de ma vie.
Je prends à partir de ces notes, parfois écrite il y a longtemps, et mon but est évidemment de ne pas dire de bêtise 🙂
Je vous remercie du coup pour me signaler qu’il y a peut-être un problème.
J’ai donc regardé sur mes notes et fait d’autres recherches supplémentaires sur Internet et il est vrai que Wikipédia parle d’un gamma de 2,6 pour le DCI-P3 mais Arnaud Frich (qui est tout de même un référent dans la matière) dis les mêmes infos que moi https://www.guide-gestion-des-couleurs.com/choisir-espace-couleur-video-rec-709-dci-p3-rec-2020.html
Je serais curieux donc de savoir d’où vous tenez ces informations écrites plus haut pour pouvoir comparer les sources 🙂
Malheureusement, je n’ai pas de machine permettant de calculer les gamma de chaque écran quand je vais au cinéma par exemple, donc je ne peux pas le vérifier sur le terrain, mais j’ai tendance à avoir plus confiance en arnaud frich que Wikipédia, et par extension a mes notes prises en cours qui valide ce que dit Arnaud.
Tenez-moi au courant du site ou du livre qui affirme les informations que vous avez écrites ci-dessus et on essaiera de trouver la vérité 🙂
Pour le reste des infos de l’article, je pense vraiment qu’il n’y a pas d’erreur, mais faites-le moi savoir sinon, l’erreur est humaine 😉
Le gamma de 2.6 pour DCI (Digital Cinema Initiatives) est spécifié dans https://ieeexplore.ieee.org/document/8709077 (SMPTE ST 428-1), et également mentionné dans https://www.itu.int/rec/T-REC-H.273-202107-I (H.273, TransferCharacteristics = 17).
Le gamma de Rec. 2020 (TransferCharacteristics = 14 | 15) est le même que celui de Rec. 709, mais en pratique, Rec. 2020 lui-même est très rarement utilisé – il est bien plus courant d’utiliser le gamut de Rec. 2020 en HDR avec PQ (TransferCharacteristics = 16) ou HLG (18), qui n’ont pas de gamma. Ces combinaisons « primaires de Rec. 2020 + PQ/HLG » sont décrites dans Rec. 2100.
Merci beaucoup pour ces spécifications ! 🙂