Comment écrire une comédie ? Quelques astuces à connaitre :

horse laughing

Avant de commencer, je tiens à préciser que cet article n’a pas pour but de donner les règles d’or pour écrire la comédie parfaite. Le rire est quelque chose de beaucoup trop complexe et subjectif pour en faire une formule miracle. Il n’est pas invariable, sinon en répétant deux fois la même blague on obtiendrait deux fois la même réaction, et ce n’est pas le cas.

Cependant, nombreux philosophes ou personnalités ont étudié les ressorts du rire et j’aimerais vous donner ici quelques astuces pour écrire une vanne ou un sketch.

L’idée étant d’essayer de lister un peu les types de comédies et les différentes façons utilisées pour faire rire. Mais bien évidemment, cet article n’est qu’un extrait très succinct de tout ce qu’il est possible de faire. Peut-être que d’autres viendront pour le compléter mais en attendant, commençons par quelque chose de simple :

Partie 1 : La Théorie de l’incongruité :

boule smiley

Ok le titre parait compliqué mais je vous rassure tout de suite, ça ne l’est pas.

Thomas C. Veatch écrit dans « A Theory of Humor » qu’une blague est drôle si le résultat est différent de ce qu’on imagine.

Pour raconter une bonne blague, la Théorie de l’incongruité nous dit :
– Qu’il nous faut une bonne préparation,
– Et une bonne Punchline.

La blague sera drôle si la préparation installe des attentes (prévisions mentales) que la punchline viendra contredire. Le rire est ainsi provoqué par l’inattendu.
Dans cette configuration, si la blague échoue, c’est soit :
– Que la préparation a été mal exécutée.
– Soit que la punchline était trop prévisible.

Bien évidemment le jeux d’acteur, le contexte et le timing entre en compte pour la réussite de la vanne. Tout ce qui est incongru n’est pas forcément drôle.

Partie 2 : La gêne et le rire :

Comme cet article ne dressera pas toute les façons de faire rire (il me faudrait au moins 1500 pages pour ça) on va parler d’un type d’humour particulier : la honte.

L’une des meilleure série qui utilise ce procédé est « The office » avec un humour si gênant qu’on a presque honte pour les personnages.

Mais d’où vient la gêne ? Pourquoi nous ressentons ça ?
Elle se produit lorsque quelqu’un viole une « norme sociale » qu’on considère comme importante et de l’anticipation des réactions face à ça. En fonction de l’intensité de la réponse ou de la gaffe, on peut ressentir de la gêne ou de la honte.

Cependant, notre réponse émotionnelle sera déterminée par la façon dont on construit mentalement l’évènement qu’on observe.
Il sera d’autant plus gênant si on n’arrive pas à établir une distance psychologique avec ce qui se passe.
Et afin d’évaluer cette distance, il existe plusieurs critères :

– La distance temporelle (évènement récent ou anciens)
– La distance Spatiale (évènement qui se déroule en bas de chez moi ou au bout du monde)
– La distance sociale (évènement qui concerne des proches ou des étrangers)
– La distance hypothétique (évènement qui semble réel ou complètement invraisemblable)

Ceci-dit, plus la « distance » est faible, plus la réponse émotionnelle est forte, donc cela vaut aussi bien pour la gêne que pour la peur, le rire, l’empathie etc.

Dans le film de Scorcèse « the King of Comedy », la réalisation installe une certaine distance avec le personnage de Rupert Pupkin qu’on observe presque comme un cas clinique.

Le protagoniste est souvent montré seul ou enfermé dans des « cases ». La caméra le suit de loin comme un objet d’étude ou elle rentre dans sa tête pour sonder ses désir.


Cependant, dans « The office » on filme le tout en caméra embarquée et les personnages ont conscience de cette caméra avec laquelle ils interagissent parfois. Cela rapproche le spectateur des personnages avec qui il partage une certaine complicité. La distance entre le film et le public est ainsi grandement réduite.

Donc, bien que le personnage de Rupert et celui de Steve Carrel se ressemblent, on est souvent plus gêné en regardant « The office » qu’en regardant « The King of Comedy ».

Dans « The office » par exemple, le malaise est accentué par l’empathie qu’on développe pour les personnages le long de la série. On se met à leur place plus facilement et on ressent donc leurs émotions avec plus d’intensité. Les interviews de type parloir et les regards caméra relèvent du documentaire et nous plongent dans leur intimité.

Finalement les vannes sont peu nombreuses dans la série, mais le rire vient de la réaction des personnages face à un comportement stupide. Si on rigole, ce n’est pas parce que Dwight fait quelque chose de fou. C’est parce qu’on voit Pam regarder Dwight avec gêne lorsqu’il fait un truc barré ou Jim qui se tourne vers la caméra pour nous regarder et nous prendre à partie.
On rigole face à la réaction des gens.  

Le rire et les blagues ont un caractère social non négligeable. Au final les réactions à une blague sont aussi importantes que la blague elle-même et « The office » l’a très bien compris.
Le personnage de Jim est un Monsieur tout le monde auquel on peut s’identifier facilement. Et avec plus de 1000 regards cam en moins de 200 épisodes, il devient presque un complice pour le spectateur.

Partie 3 : Les différents protagonistes « rigolos » :

Les comédies regorgent de personnages stupides, enfantins et décalés qui nous font rire par leurs actes toujours plus éloignés de ce qu’aurait fait quelqu’un de « normal ».

Voici une petite liste des archétypes qu’on peut retrouver dans ce genre de film :

– Les bras cassés qui échouent dans tout ce qu’ils entreprennent :

(Jean Claude Dus dans les bronzés font du ski)

Les beaufs qui sont stupides et vulgaires mais qui ne s’en rendent pas comptent (eux-mêmes se croient géniaux) :

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Les maladroits sont ceux qui provoquent les catastrophes par malchance, maladresse ou stupidité.

Les sous-doués compensent leur manque d’intelligence par des « bonnes » combines.

Les lourds qui ne la bouclent jamais.

(Quentin de Montargy dans « Tais-toi »)

Les simplets sont inadaptés et rêveurs. Ce sont souvent des adultes qui agissent comme des enfants. Ils transforment le monde en un terrain de jeux et ont des gestes puérils …

(Jerry Lewis)

Thomas Hobbes définissait le rire comme « (…) un mouvement subit de vanité produit par une conception soudaine de quelque avantage personnel, comparé à une faiblesse que nous remarquons actuellement dans les autres, ou que nous avions auparavant (…) »
Regarder des mecs comme Jim Carrey dans Dumb et Dumber ou Eric et Ramzy dans la tour Montparnasse (Des adultes qui jouent aux enfants), cela joue sur un espèce de complexe de supériorité du spectateur. On se flatte d’être « meilleur » mais en même temps on apprécie ce retour en enfance que nous offre le personnage.
L’adulte qui joue l’enfant crée une dissonance dans notre esprit et provoque le rire.

A savoir que la force de ce genre de « débile » est que leur bêtise leur permet parfois de braver le danger.

« Quand vous êtes passé par la porte tout à l’heure, ça aurait pu être du courage, c’est dommage que dans votre cas ce soit de l’inconscience »

Partie 4 : Les archétypes et les duos qui marchent :

Il n’est pas rare de voir dans les comédies des personnages qui marchent en duo. Que ce soit Carter et Lee ou Jean Reno et Gerard Depardieu, les duos aux polarités différentes sont légion dans le cinéma.

Dans la commedia dell’arte, on retrouve ce genre d’archétype avec l’arlequin (le bon vivant), Polichinelle (le fourbe), Matamore (le capitaine vantard et faussement courageux) et plein d’autres encore… 

Le fait de faire interagir ensemble des personnages aux traits de caractère bien marqués et différents permet de créer très vite du « conflit » et des réactions opposées rigolotes.
Dans Friends ou Brooklyn 99 par exemple, chaque personnage illustre un caractère et le rire provient de leur opposition. Joey est « stupide », Chandler est « Sarcastique » !

Pour une formule simplifiée comme dans « Tais-toi » on a souvent :
Le Clown blanc (jean Reno) qui est digne et réfléchi.
Et l’Auguste (Depardieu) qui reste grotesque et qui part souvent en sucette !

Avec deux polarités opposées comme ceux-ci, il est plus simple de créer des situations où l’on peut rire des réactions de l’un (décontenancé) et de l’autre (qui pousse les limites de la stupidité).

Conclusion :

Cet article est loin de faire un portrait exhaustif de tout ce qui peut faire rire au cinéma mais d’autres articles dans le même genre arriveront plus tard. Dites-moi si ça vous intéresse et si vous avez des questions en commentaire. En attendant, prenez soin de vous et à la prochaine pour plus de contenu !

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3 réflexions sur “Comment écrire une comédie ? Quelques astuces à connaitre :”

  1. Article intéressant, merci de l’avoir écrit ! La notion de distance dans l’humour est primordial. Par reflexe, beaucoup d’humoristes vont utiliser les distances qui ont fait leur preuve comme le stand up, la parodie ou la comédie de moeurs alors que le champs est vaste au final.

  2. Ping : Comment écrire une comédie - Partie 2 : - Neel Naja Production

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