Sommaire et contenu de l'article :
ToggleAujourd’hui, nous allons analyser l’un des livres les plus connu de Robert McKee : Story : Substance, Structure, Style and the Principles of Screenwriting.
Publié en 1997, ce livre est devenu un classique dans l’apprentissage de l’art du storytelling. McKee y présente une approche structurée et méthodique du scénario, tout en insistant sur l’importance de l’émotion, du conflit et de la créativité dans la création de récits engageants.
Nous verrons quelques points essentiels à retenir, mais ça ne vous dispense pas de le lire 😉
Ces articles sont surtout faits pour vous donner une base sur laquelle travailler et connaitre différents théoriciens et scénaristes qui ont influencés la structure dramaturgique.
Sur ce, entrons dans le vif du sujet et voici quelques point clé à retenir du livre !
1. Introduction : L'importance de l’histoire

McKee commence par affirmer que l’art de raconter une histoire est l’essence de tout film réussi. Pour lui, les histoires captivantes sont essentielles pour connecter le spectateur aux personnages, les engager émotionnellement et les transporter dans un voyage narratif puissant. Le livre est une réponse à la tendance hollywoodienne de se concentrer davantage sur des effets visuels et des astuces techniques que sur la profondeur des récits.
Il met ainsi l’accent sur l’importance de la substance et de la structure dans la narration.
Dans la même idée, je pense que le spectaculaire ne se vaut pas en soi.
Beaucoup de réalisateur hollywoodien oublie qu’une lame de couteau peut faire beaucoup plus de bruit qu’une mitraillette si la tension est bien gérée.
Les décors fantastiques et les belles images dopées à la CGI n’impressionnent plus grand monde… et aux rythmes des avancées de l’IA ce phénomène va s’agrandir. La technique sera si facile d’accès qu’il faudra redoubler de créativité !
On ne pourra plus défendre une œuvre parce que les « plans sont jolies » …
N’oubliez pas qu’aussi magnifique et féérique soit-il, votre univers ne sert que la thématique et l’évolution de vos personnages.
Concentrez-vous sur les tiraillements de la condition humaine et l’aspect unique de vos personnages plutôt que de nous jeter de la poudre aux yeux.Nota Benne :
Pour que le fantastique prenne vie, il faut que le réalisme soit flagrant. Le merveilleux s’insère dans la réalité, il faut que le monde soit réaliste et naturel pour que le surnaturelle surgisse.
2. La substance : Le fondement d’une histoire

McKee insiste sur l’idée que la substance d’une histoire réside dans les choix émotionnels et moraux que les personnages doivent faire. Il distingue plusieurs composantes importantes :
- Le désir du personnage principal : Ce que le protagoniste cherche à accomplir au cours de l’histoire.
- Le besoin interne : Ce que le personnage découvre à propos de lui-même au cours de son périple.
- Le thème : Le message ou la vérité profonde que l’histoire explore.
On retrouve ici certains points avancés par d’autres théoriciens comme Truby.
Pour McKee, une bonne histoire est plus qu’une simple série d’événements. Elle doit toucher les spectateurs à un niveau émotionnel, en explorant des vérités universelles et des conflits humains profonds.
Je pense qu’il y a effectivement quelque chose de très humain dans les pièces intemporelles.
Quand certains artistes comme Molière ou Shakespeare sont encore loués de nos jours, je me demande pourquoi ? Combien de nos auteurs actuels seront encore adaptés dans 200 ans ?
Au-delà de la multiplication évidente des œuvres de nos jours je pense que ces auteurs avaient réussi à cerner des dynamiques purement humaines qu’ils ont su traiter avec un angle unique.Si notre société change, la nature humaine, elle, perdure.
En ce sens, la dramaturgie et le markéting ont certains points communs : l’identification des mécanismes humains, des biais cognitifs, la compréhension de la psychologie humaine et le fondement de nos dynamiques.
3. La structure : L'organisation de l'intrigue

McKee adopte une approche nuancée de la structure, en se basant sur des principes classiques tout en les adaptant à la réalité moderne du cinéma. Contrairement à la structure en trois actes de Syd Field, McKee voit la structure comme quelque chose de plus fluide, mais il met en avant certains points clés :
- Les scènes : Chaque scène doit avoir une valeur narrative (c’est-à-dire un changement émotionnel ou de situation).
- Les séquences : Un groupe de scènes qui constitue une sous-histoire dans l’intrigue générale.
- Les actes : Les grandes sections de l’histoire qui culminent à des tournants majeurs, souvent plus de trois, selon l’histoire.
McKee introduit la notion de « story beats« , des moments clés où l’émotion ou la situation change de manière significative. Il explique comment les plot points, ou tournants de l’intrigue, doivent être bien placés pour maximiser l’impact de l’histoire.
- Inciting Incident (Événement déclencheur) : L’événement initial qui bouleverse l’équilibre de la vie du protagoniste et le pousse dans une nouvelle direction.
- Progressive Complications : Les conflits et obstacles que le personnage rencontre, qui augmentent en intensité tout au long de l’histoire.
- Crisis (Crise) : Le moment où le protagoniste est confronté à un choix difficile.
- Climax : Le point culminant où le conflit central trouve sa résolution.
- Resolution (Résolution) : La conclusion, où l’on voit les conséquences des actions du protagoniste.
On remarque ici comme dans la structure en 3 actes les points classiques qu’on voit dans quasiment toute les histoires « populaire américaines » !
4. Le conflit : L'essence de la dramaturgie

Le conflit est pour McKee l’essence de toute bonne histoire. C’est le moteur qui fait avancer l’intrigue et qui met les personnages dans des situations où ils doivent changer ou échouer. McKee distingue trois types de conflits :
- Conflit interne : Les luttes psychologiques ou émotionnelles du personnage.
- Conflit personnel : Les conflits entre les personnages, souvent des relations tendues ou des rivalités.
- Conflit extra-personnel : Les conflits avec des forces extérieures comme la société, la nature ou des institutions.
Chaque type de conflit doit être exploité pour enrichir l’intrigue et révéler le personnage.
5. L'arc du personnage : La transformation

McKee insiste sur le fait que le protagoniste doit évoluer au cours de l’histoire. Ce qu’il appelle l’arc du personnage est le chemin que le protagoniste parcourt en changeant ou en apprenant quelque chose de fondamental. Ce changement peut être positif ou négatif, mais il doit toujours être crédible et découler des actions et choix du personnage.
Pour McKee, un arc narratif solide repose sur l’idée que les personnages révèlent leur véritable nature face à des conflits intenses. C’est en surmontant (ou échouant face à) ces conflits que les personnages montrent qui ils sont vraiment.
Si les événements sont réalistes et le traitement unique, vous pouvez créer une œuvre intemporelle qui changera surement certains de vos spectateurs.
6. Le design de l’histoire : Construire un récit captivant

McKee aborde la notion de design narratif, qui consiste à planifier les événements clés de manière à créer une montée progressive de la tension. Chaque scène doit être soigneusement construite pour faire progresser l’histoire tout en augmentant l’intensité émotionnelle.
Il préconise de travailler sur un plan détaillé avant d’écrire le scénario. Cela inclut de définir les moments charnières (turning points), d’établir une progression dramatique et de veiller à ce que chaque scène contribue au mouvement général de l’intrigue.
7. Le genre : Comprendre et subvertir les attentes

McKee parle longuement du genre, qu’il définit comme un cadre qui impose certaines conventions, mais qui offre également des opportunités créatives. Il recommande aux scénaristes de comprendre les règles de leur genre pour pouvoir les respecter ou les subvertir. Les genres populaires (comédie, drame, thriller, etc.) ont chacun des attentes spécifiques, et un bon scénariste sait comment jouer avec ces attentes pour surprendre le public.
Il mentionne aussi l’importance d’être conscient des tropes (clichés) associés à chaque genre, et comment il est souvent plus efficace de détourner ces tropes que de simplement les reproduire.
8. Le style : L’expression créative de l’auteur

Bien que McKee se concentre beaucoup sur la structure, il ne néglige pas l’importance du style personnel du scénariste. Le style, selon lui, est la façon dont un écrivain choisit d’exprimer une histoire, que ce soit par le dialogue, la description ou le rythme narratif.
Pour moi le style et le traitement permet de cerner la manière dont l’auteur perçoit le monde. Si un personnage rentre dans un bar, allez-vous vous concentrer sur le bruit, la musique, les gens, la lumière, l’odeur, l’alcool … ? Une même scène peut être perçus de pleins de manière différentes, c’est aussi par là que passe VOTRE vision du monde !
Il explique que les choix stylistiques doivent être en accord avec l’histoire elle-même et qu’un excès de style peut parfois étouffer le contenu.
Il préconise un équilibre entre la substance et le style, où le style sert à renforcer l’impact émotionnel et thématique de l’histoire, plutôt que de l’éclipser.
9. La réécriture : Polir l’œuvre

McKee insiste sur l’importance de la réécriture. Il considère que la première ébauche d’un scénario n’est qu’un début, et que la vraie écriture se fait lors des révisions successives. La réécriture permet de polir les scènes, de clarifier les motivations des personnages, et de s’assurer que chaque élément de l’histoire est en harmonie avec le récit global.
Il propose un processus de réécriture en plusieurs étapes, chacune se concentrant sur des aspects spécifiques, comme la structure, les dialogues ou les arcs de personnages.
Conclusion : L’art de la maîtrise narrative
En conclusion, McKee propose que l’écriture d’une histoire est à la fois un art et une science. Bien qu’il existe des règles et des structures à suivre, la véritable maîtrise du storytelling réside dans la capacité à comprendre comment et quand dévier de ces règles pour créer un récit original et engageant.
Pour McKee, les scénaristes doivent équilibrer l’inventivité avec la structure, tout en se souvenant que l’émotion et le conflit sont au cœur de toute bonne histoire. Le but ultime est de captiver le public, non seulement avec des événements extérieurs, mais aussi avec des dilemmes émotionnels et moraux qui résonnent à un niveau profond.
La proximité émotionnelle qu’on peut avoir en s’inspirant de certains éléments de notre vécu nous empêche parfois de voir qu’une scène peut être traité d’une meilleure façon.
La structure scénaristique n’est pas une prison mais un guide. Comprenez les codes et pourquoi ils sont là avant de vous en extirper. C’est en connaissant les bases qu’on peut s’en affranchir et savoir comment. Si on commence par briser tous les clichés et les genres sans savoir pourquoi, y’a des chances que le film ne soit pas ouf !
Couplez votre vision unique du monde a l’ingénierie froide de la structure scénaristique pour faire une œuvre pertinente et puissante !Sur ce, prenez soin de soin de vous et posez vos questions en commentaire !