Sommaire et contenu de l'article :
ToggleLa méthode beat sheet de Blake Snyder, exposée dans son livre « Save the Cat ! », est un outil populaire pour structurer un scénario. Elle divise un film ou une histoire en 15 étapes spécifiques, appelées « beats », qui forment la base narrative.
Chacune de ces étapes à un objectif précis, favorisant le rythme de l’intrigue et l’évolution des personnages.
Le Beat Sheet a vu le jour dans les années 2000, alors que Snyder travaillait sur divers projets à Hollywood. La structure en trois actes ne suffisait pas toujours à fournir un guide pratique pour chaque scène ou moment clé d’un film. Snyder a donc créé le Beat Sheet pour proposer une méthode accessible aux scénaristes et un guide pour aider les producteurs à sélectionner leur projet rapidement.
Ces « beats » sont des moments narratifs prévisibles, mais efficaces, qui permettent de maintenir le spectateur engagé tout au long du récit.
Donc sans plus tarder, voici un résumé détaillé de cette méthode :
1. Opening Image (Image d’ouverture) (Page 1)
- C’est la première impression que le spectateur aura du film. Elle représente l’état initial du monde et/ou du protagoniste avant que l’histoire ne commence réellement. Pour le voyage du héros c’est la présentation du monde ordinaire. C’est une image qui résume le thème et le ton du film.
- Rôle : L’image d’ouverture donne le ton, l’atmosphère et le cadre de l’histoire. Elle doit capturer l’essence du film avant même que l’intrigue ne commence réellement.
- Exemple : Dans Le Roi Lion, le lever du soleil sur la savane accompagnée du chant « Circle of Life » montre l’harmonie naturelle et le cycle de la vie, un thème central du film.
2. Theme Stated (Le Thème Exprimé) (Page 5)
- Rôle : Ce moment souvent subtil, où le thème du film est énoncé, peut se faire à travers un dialogue, une action ou une interaction mineure. Ce thème est la morale ou le message central que le protagoniste apprendra au cours de son voyage.
- Exemple : Dans Spider-Man, l’oncle Ben dit : « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. » C’est le thème que Peter Parker doit comprendre et accepter en tant que héros.
3. Set-Up (Mise en place) (Pages 1-10)
- Introduction des personnages principaux, de leur monde, de leurs motivations et de leurs failles. On pose également ici les enjeux et les relations importantes. Ces dix premières pages présentent les bases de l’histoire et attirent le spectateur.
- Rôle : Ici, vous présentez le quotidien du héros, ses faiblesses, ses relations et ses désirs. Cela prépare le spectateur à comprendre les enjeux et pourquoi le changement à venir va bouleverser cet équilibre.
- Exemple : Dans Hunger Games, on voit Katniss dans son district, vivant une vie simple mais difficile. Cette introduction montre sa relation avec sa famille et sa volonté de les protéger.
4. Catalyst (Catalyseur) (Page 12)
- Un événement déclencheur qui perturbe le quotidien du protagoniste et l’oblige à sortir de sa zone de confort. Cet événement lance véritablement l’histoire en mouvement.
- Rôle : Le catalyseur est l’événement déclencheur qui bouleverse la vie normale du héros et initie l’intrigue principale. C’est un moment de rupture qui met le protagoniste en mouvement.
- Exemple : Dans Harry Potter à l’école des sorciers, c’est l’arrivée de la lettre de Poudlard qui change complètement la vie d’Harry, le tirant de son monde de moldus pour l’emmener dans celui de la magie.
5. Debate (Débat) (Pages 12-25)
- Le héros hésite à répondre à l’appel à l’aventure. Il se débat intérieurement ou extérieurement pour savoir s’il doit agir. Cela crée une tension narrative avant que le personnage prenne finalement une décision.
- Rôle : Cette section donne de la profondeur au protagoniste en montrant ses peurs et ses doutes face au changement.
- Exemple : Dans Le Seigneur des Anneaux : La Communauté de l’Anneau, Frodon hésite à partir avec l’anneau. Il est conscient du danger et se demande s’il est capable de relever ce défi.
6. Break into Two (Passage à l’acte 2) (Page 25)
- Rôle : Le protagoniste prend une décision primordiale qui le fait basculer dans un nouveau monde ou une nouvelle situation. Cela marque le début de l’Acte 2, où l’aventure véritable commence.
- Exemple : Dans Matrix, Neo prend la pilule rouge et quitte le monde qu’il connaissait pour découvrir la réalité de la Matrice.
7. B Story (Histoire secondaire) (Page 30)
- Introduction de l’histoire secondaire, souvent une intrigue romantique ou une relation clé qui soutient ou renforce le thème principal.
Elle permet de soulager l’histoire principale et d’apporter des moments plus émotionnels. - Rôle : La B Story est une intrigue secondaire qui soutient ou fait écho à l’intrigue principale. Elle est souvent émotionnelle et peut apporter une pause ou un contrepoint au récit principal. Elle aide également le héros à apprendre la leçon nécessaire pour triompher dans l’acte final.
- Exemple : La B Story dans The Dark Knight est la relation amoureuse et personnelle de Bruce Wayne avec Rachel Dawes, ainsi que sa rivalité avec Harvey Dent. Cette histoire secondaire met en lumière les dilemmes émotionnels de Bruce et son désir d’avoir une vie normale loin de son rôle de justicier.
Il espère que Harvey pourra sauver Gotham pour lui permettre de vivre enfin une vie normale avec Rachel.
Pourquoi cette B Story est importante :
- Développement thématique : La relation de Bruce avec Rachel montre son conflit intérieur entre être Batman et vivre une vie « normale ». C’est un élément clé du thème de la double identité.
- Évolution émotionnelle : La B Story expose la vulnérabilité émotionnelle de Bruce Wayne, qui lutte pour concilier ses devoirs en tant que héros et son désir personnel de bonheur.
- Connexion avec l’A Story : Finalement, la B Story est directement liée au dénouement de l’A Story. La mort de Rachel et la transformation de Harvey Dent en Double-Face (Two-Face) bouleversent Bruce et influencent ses décisions dans l’A Story. Cela souligne que, malgré ses tentatives de séparation, sa vie personnelle est inextricablement liée à son rôle en tant que Batman.
Le fait que la B story soit reliée à la A story est très important ! Les deux doivent se faire écho et non s’annihiler !
Mettre une romance sans faire avancer l’intrigue ralentit l’histoire au lieu de la stimuler !
Si la romance est un prétexte pour souffler, on finit par oublier l’action principal … La B story doit être utile et non un prétexte !
Combien de fois la « romance » des films d’actions Hollywoodien apparait comme surfaite ? En trop ? Comme si l’auteur était obligé de rajouter une belle femme que le héros va forcément pécho… Pourquoi ??
8. Fun and Games (Le Cœur de l’Action) (Pages 30-55) - Promise of the premise
- C’est la partie « fun » où le concept de l’histoire se déploie pleinement. Ici, l’intrigue principale avance, et on explore les promesses du genre (action, comédie, romance, etc.). C’est souvent la section la plus divertissante du film.
- Rôle : Elle montre le héros dans son nouvel environnement, essayant de s’adapter ou de résoudre des problèmes spécifiques liés à la prémisse. C’est ici que l’on voit les moments emblématiques du genre.
- Exemple : Dans Jurassic Park, cette section inclut les premières rencontres avec les dinosaures, les découvertes merveilleuses, mais aussi les premières frictions.
9. Midpoint (Point Milieu) (Page 55)
- Il peut être positif (victoire provisoire) ou négatif (défaite temporaire), mais il modifie fondamentalement la direction de l’intrigue. C’est ici que le protagoniste prend un engagement ferme et irréversible.
- Rôle : Le midpoint est un événement clé qui change la dynamique de l’histoire, augmentant les enjeux ou apportant une révélation majeure.
- Exemple : Dans Le Roi Lion, la mort de Mufasa bouleverse tout pour Simba, lui forçant à fuir et à abandonner sa destinée, ce qui modifie toute l’orientation du film.
10. Bad Guys Close In (Les Méchants Resserrent l’Étau) (Pages 55-75)
- Les obstacles se multiplient et les antagonistes se rapprochent. Le protagoniste est sous pression, et ses ressources diminuent. Cette section accroît la tension jusqu’à un point de rupture.
- Rôle : Après le midpoint, les forces antagonistes deviennent plus menaçantes et le protagoniste est confronté à des défis plus grands et plus intenses. C’est une montée en tension qui pousse le héros dans ses retranchements.
- Exemple : Dans Star Wars: Un Nouvel Espoir, après la destruction de l’Étoile Noire, Dark Vador et l’Empire poursuivent activement Luke et l’Alliance rebelle, rendant la situation de plus en plus critique.
11. All Is Lost (Tout est Perdu) (Page 75)
- C’est le point le plus bas pour le protagoniste. Il subit une défaite majeure ou une perte qui semble insurmontable. On évoque souvent ici un « Dark Night of the Soul » (la nuit noire de l’âme), où le héros est au plus bas émotionnellement.
- Rôle : C’est le moment où tout semble perdu pour le héros. Cela force le protagoniste à atteindre le fond avant de se relever pour affronter l’ultime défi.
- Exemple : Dans Avengers : Infinity War, la défaite semble totale lorsque Thanos obtient toutes les pierres d’infinité et efface la moitié de l’univers.
12. Dark Night of the Soul (Nuit Noire de l'Âme) (Pages 75-85)
- Le protagoniste fait face à ses peurs et ses doutes, et réfléchit à la manière de surmonter l’échec ou la perte.
- Rôle : C’est le moment d’introspection où le héros est au plus bas, souvent à un moment de désespoir total. Il se remet en question et réfléchit à comment il peut surmonter cet obstacle. Cette phase lui permet de renaître symboliquement et de trouver une nouvelle force.
- Exemple: La Nuit Noire de l’Âme dans Le Roi Lion survient après que Simba retrouve Nala, qui lui rappelle son devoir de retourner et de sauver son royaume. Mais Simba, rongé par la culpabilité, refuse d’assumer sa responsabilité et part dans une profonde crise existentielle.
Le moment exact de la « Dark Night of the Soul » survient lorsque Rafiki, le singe sage, lui montre une vision de son père, Mufasa, dans le ciel. Mufasa lui dit : « Tu m’as oublié », ce qui plonge Simba dans un moment de désespoir total. Il doit affronter non seulement sa culpabilité, mais aussi le fait qu’il a fui sa destinée pendant des années.
Passé se sent totalement perdu et piégé, incapable de changer les erreurs du passé. C’est un moment de grande introspection où il doit faire face à la dure réalité : soit il continue à fuir, soit il accepte son rôle et retourne sauver son peuple.
13. Break into Three (Passage à l’acte 3) (Page 85)
- Une nouvelle idée, révélation, ou plan d’action pousse le protagoniste vers l’Acte 3. C’est le moment où il trouve une solution à son problème, souvent grâce à une leçon apprise dans la B Story.
- Exemple : Dans Les Indestructibles, Le Break into Three survient lorsque toute la famille se retrouve enfin. M. Indestructible, Elastigirl (Hélène), Dash, et Violette unissent leurs forces pour combattre Syndrome. C’est à ce moment précis que l’intrigue principale (combattre le méchant et sauver la ville) et la B Story (réunir la famille et apprendre à fonctionner ensemble) se rejoignent.
Solution trouvée : Ils réalisent que, pour réussir, ils doivent travailler en équipe. Ils combinent leurs pouvoirs et surmontent leurs différences pour vaincre Syndrome et son robot géant.
Convergence des histoires : La famille, qui a appris à fonctionner ensemble (résolution de la B Story), utilise cette unité pour accomplir leur mission héroïque (résolution de l’A Story).
- Transition clé : C’est le moment où la famille est enfin prête à se battre ensemble. Après avoir été séparée et désunie, ils trouvent la solution pour se battre efficacement : l’unité familiale.
- Montée en puissance : L’Acte 3 commence ici avec la préparation du dernier combat contre Syndrome. La famille passe à l’action avec une détermination renouvelée.
- Clôture des deux histoires : Le fait que la famille se réunisse est la clé pour résoudre l’intrigue principale. Cela montre comment la B Story influence directement l’A Story.
14. Finale (Final) (Pages 85-110)
- Rôle : Le climax du film, où le héros affronte les forces antagonistes et résout le conflit principal. C’est ici que le protagoniste met en œuvre tout ce qu’il a appris au cours de l’histoire pour triompher ou échouer.
- Exemple : Dans Star Wars : Un Nouvel Espoir, Luke fait confiance à la Force et détruit l’Étoile Noire, mettant fin à la menace immédiate de l’Empire.
15. Final Image (Image finale) (Page 110)
- Un miroir de l’Opening Image, montrant le changement qui s’est opéré dans le monde et chez le héros. C’est une image symbolique de la transformation qui s’est produite au cours du récit.
- Rôle : Cela marque la fin du voyage, avec un sentiment de complétion ou de transformation.
- Exemple : Dans Le Roi Lion, Simba monte sur le rocher des lions, montrant qu’il a accepté son rôle de roi et rétabli l’ordre naturel, en contraste direct avec l’ouverture.
Conclusion :
La méthode de Blake Snyder offre une structure solide pour écrire des scénarios rapidement. Coupler à la méthode du « Mais/donc » vous pouvez réussir à écrire une histoire qui tiens la route assez rapidement.
Souvenez-vous encore une fois que chaque méthode ne doit pas être prise comme une formule à appliquer à la lettre. Elles sont des bases de réflexion pour construire vos propres histoires. Rien ne vous empêche de construire votre film en 22 étapes, 15, 12, avec une structure en 3 actes ou 5 etc.
Sur ce, j’espère que cet article vous aura aidé. N’hésitez pas à poser vos questions en commentaire et à la prochaine ! 😊