Comment écrire un meilleur antagoniste ?

Statue menaçante

Avant de commencer, il est important de le rappeler, en art il n’y a pas de règle.
Ou plutôt, y’en a tellement qui se contredisent qu’il est de bon ton de suivre notre instinct parfois.
Mais aujourd’hui j’aimerais parler de ce qui fait, selon moi, un bon antagoniste.
C’est parti !

Ange
Angel

Tout d’abord, sachez qu’il peut exister une différence entre le protagoniste et le personnage principal.
Le premier est un moteur de la dramaturgie, il fait avancer l’histoire et l’intrigue. Il est à l’origine de l’action.
Le deuxième est un témoin, celui qui, au travers de son regard, nous raconte l’histoire. C’est dans sa perspective, son point de vue, que nous expérimentons le scénario. Il est plus un moteur émotionnel.

Dans votre histoire, votre héros devra faire face à des antagonistes (qu’ils soient intérieurs ou extérieurs) afin de générer du conflit.
Si vous racontez l’histoire d’un homme qui va chercher son pain, qui rentre chez lui et qui se fait une tartine avant d’aller faire une sieste ; vous avez de forte chance de vous ennuyer ! Surtout si ça dure une heure et demie !
Il n’a rencontré aucun problème sur son trajet, tout s’est bien passé, c’est barbant.
Sans antagoniste il n’y a pas de conflit et donc aucun dépassement de soi, de possibilité d’évoluer.
Le conflit est l’un des moteurs principaux de la dramaturgie.

Donc choisissez un bon antagoniste. Plus il sera puissant, plus il y aura de tension.
Votre antagoniste peut être Intérieur (une peur qui met des bâtons dans les roues de votre protagoniste par exemple) ou bien extérieur (le joker, Voldemort, Dark Vador etc.)
L’antagoniste peut être un peu n’importe quoi, il peut aussi bien être une institution, la société tout entière ou encore la nature.

Petit tips : n’hésitez pas a créer un antagoniste puissant ET un enjeux assez fort pour rajouter de la tension.
Exemple :  Harry doit combattre Voldemort, le plus puissant des sorciers.
Enjeux : Si Harry échoue, le monde des moldus sera détruit.

Si le protagoniste a un objectif bien défini à la fin du premier acte ;
l’antagoniste est celui qui tentera d’empêcher la réalisation de cet objectif.
Mais évidemment le protagoniste se doit de réagir à un moment ou à un autre aux entraves de son antagoniste.
Ce dernier force les autres à reconsidérer leur place dans l’histoire. Il pousse les personnages à la transformation (ref arc transformationnel) à cause des obstacles qu’il dissémine.

Un antagoniste pour qui on a de l’empathie :

darth-vader

Il est important à mon sens de ne pas rendre ses personnages trop manichéens. Votre héros ne doit pas être entièrement bon (il doit avoir des défauts) et votre méchant ne peut être complètement vilain.

Un des premiers tips pour que vos spectateurs soient un peu plus en empathie pour votre antagoniste c’est de lui donner un but louable. Le méchant a un objectif, une vision à laquelle on peut se raccrocher mais ce sont les moyens employés qui font de lui le méchant de l’histoire.
En général l’antagoniste se distingue du héros car pour lui la fin justifie les moyens, ce qui n’est pas le cas pour un héros au « cœur pur ».

Killmonger dans Black Panther veut aider les autres avec la puissance du Wakanda car il a vu la misère et la violence des ghettos. Seulement, sa manière de le faire est d’apporter des armes.
Cependant, sa pensée radicale permet de changer le protagoniste aussi bien sur le plan émotionnel qu’intellectuel.

Si le protagoniste a des croyances, l’antagoniste est celui qui va incarner les défauts de ces croyances-là. T’Challa change dans Black Panther car il se rend compte que son père a commis des actes horribles pour cacher le Wakanda. T’Challa décide donc du genre de roi qu’il veut devenir après avoir combattu l’antagoniste.

Black Panther

Pour créer un antagoniste envers lequel on a de l’empathie, on peut s’inspirer de la création d’un anti héro.
On a tendance à aimer les personnages que l’on trouve admirables (générosité, humilité, confiance, honnêteté, engagement etc.)
Mais l’idée selon laquelle un protagoniste doit être moralement irréprochable, gentil pour être sympathique, est fausse.
Il existe plein de personnages cultes aux morales douteuses à qui l’on s’attache.
Dans le film Night Call, Jake Gyllenhaal est un sociopathe ultra travailleur (un anti héros). Il devient très bon, très vite et s’acharne pour réussir. Ces caractéristiques peuvent être impressionnantes et donc respectables. En plus de ça, ce personnage est poli, ce qui le rend aimable.
Cependant, derrière sa politesse apparente se cache son vrai visage de sociopathe.
Lorsqu’il dit d’un ton calme et poli qu’il a envie d’attraper les oreilles de son interlocuteur pour lui hurler qu’il n’est pas intéressé, on est tout de suite mal à l’aise.

Robert McKee dit «  l’amabilité n’est pas une garantie de l’implication du public, c’est simplement un aspect de la construction du personnage. » Le personnage est poli, il n’est pas forcément « 
bon ».
Dans Night Call, le personnage principal devient donc de plus en plus extrême et il devient clair qu’on doit l’arrêter.
Mais si on reste impliqué dans l’histoire, si on continue de regarder c’est parce qu’on a encore un peu d’empathie pour Lou (le protagoniste).

Robert McKee : « l’investissement émotionnel du public est tenu par le ciment de 
l’empathie. »

Alors qu’est-ce qu’est exactement l’empathie ? et comment la créer pour ses personnages ?
La définition de l’empathie est « la capacité de comprendre et partager les sentiments d’un autre. »
La clé pour créer de l’empathie est dans la définition : COMPRENDRE.
On entre en empathie avec un personnage lorsqu’on comprend les motivations derrière ses actions.
Quand, malgré le fait que l’on désapprouve son choix, on comprend pourquoi il a été fait.

Parfois, même si le héros dépasse les bornes de la morale, on demeure en empathie avec lui car on a vu ce qu’il a subi avant et pourquoi il fait ce qu’il fait.
On est en mesure de comprendre ses choix car on a subit en même temps que lui les affronts et les violences qu’il a essuyé.

Le Joker et Batman :

lego batman

Dans le film the Dark Knight, Le Joker est un expert pour atteindre les points faibles du héros.

Commençons par une citation du livre « story » de Robert McKee :
« un protagoniste et son histoire ne peuvent être intellectuellement fascinant et émotionnellement captivant qu’en regard des forces d’antagonisme qui les construit. »

Plus l’antagoniste est puissant, plus le conflit est dur et plus l’histoire est captivante.
Sauf que « puissant » est un terme un peu flou.
Cela peut-être au sens physique du terme : comme les Titans dans Attack on Titan. Face à des humains, ces créatures sont quasi invincibles… et y’en a plein !
Mais John Truby donne le conseil suivant pour rendre l’antagoniste puissant dans son rôle :
« Créer un adversaire qui sera incroyablement bon pour attaquer le talon d’Achille de mon héros. »

 

Au corps à corps, le Joker est minable. Il ne tient pas longtemps face à Batman. Mais au final, le Joker n’a pas peur de la mort, tout porte à croire qu’il veut même y rester. Mais il sait que l’une des règles principales de Batman est : « ne tue pas ».  Son but est avant tout de briser cette règle ! Ensuite le Joker devient une image du chaos organisé. 
Par contre, la capacité du Joker à mettre Batman dans des situations où sa force physique est inutile, est ahurissante (Lorsqu’il doit choisir entre sauver un ferrie ou détruire l’autre, ou encore entre la vie de Harvey Dent et Rachel)
Il laisse la chauve-souris faire des choix impossibles et se délecte de sa souffrance.
Car au final le but du Joker n’est PAS de tuer Batman.
Il veut montrer le vrai visage du héros à la ville de Gotham en le mettant face à des choix plus que compliqués. Il veut qu’il enlève son masque et tant qu’il ne le fera pas il continuera à tuer.

Selon Robert McKee : « Le 
Vrai caractère, est révélé par les choix qu’un être humain fait sous pression, plus forte est la pression, plus profonde est la révélation et plus le choix résonne avec la nature profonde du personnage. »
L’antagoniste doit créer une pression croissante sur le héros qui le pousse au final à faire des choix compliqués afin de révéler sa vrai nature. Et c’est presque littéralement le projet du Joker.

Cependant, retenez bien qu’un antagoniste 
ne peut se dissocier de son protagoniste.
Si le Joker est parfait pour Batman, il peut être un antagoniste pitoyable et inadapté face à Luke Skywalker.
John Truby dit par ailleurs : « C’est seulement en concourant pour le même but que le héros et son adversaire sont amenés à rentrer en conflit direct et à le faire encore et encore tout au long de l’histoire. »

Au début Batman croit que les criminels en ont juste après l’argent, 
que tout à un ordre logique.
Mais il apprend à ne pas sous-estimer ses ennemis et que ses forces peuvent devenir des faiblesses.
Lorsque Alfred dit cela : « Parce que certains hommes sont sans but logique, comme l’argent. On ne peut pas les acheter, intimider, raisonner, ou amener à négocier. Certains hommes veulent juste voir le monde en feu. » ; Batman devient plus sage grâce au Joker.

Ce n’est que parce qu’il a affronté le Joker que Batman devient the Dark Knight.

 

Voilà c’est tout pour cet article, si vous avez des questions posez-les en commentaires et n’oubliez pas de partager pour ceux qui en aurait besoin.

A plus pour un autre article.

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2 réflexions sur “Comment écrire un meilleur antagoniste ?”

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